Interview de Laurence Martin à la RTS dans la Matinale :
Six heures - Neuf heures, le samedi, 02.02.2019, 08h13
Laurence Martin, co-présidente de l'association "Les Grands parents pour le climat ",
engagée pour le climat depuis quʹelle est à la retraite, par " culpabilité " dʹune génération de baby-boomers qui nʹa pas pris soin de la planète, quel regard porte-t-elle sur cette jeunesse suisse qui se mobilise ? Vont-ils réussir là où les aînés ont échoué ?
2 février - Les marches engagées des jeunes … et des moins jeunes
Les mobilisations qui essaiment ces jours en Suisse et ailleurs en Europe « frappent les observateurs par leur ampleur, leur jeunesse et leur ton radical » - ainsi, la jeune Suédoise GretaThunberg (voir par ex. « Les lanceurs d’alerte du climat », de Céline Zünd, dans Le Temps du 2 février). Une nouvelle preuve : samedi 2 février ont eu lieu des KlimaDemo/Manif pour le climat/, Manif per il clima dans plus de douze villes de Suisse. En tout quelque 40'000 participants (vraiment pas mal !). Succès renouvelé après les 22'000 de la grève des étudiants du vendredi 18 janvier dernier.A Lausanne, ce sont plus de 10'000 personnes qui ont défilé, dans le calme et la bonne humeur. Avec des centaines de pancartes, bannières etc. De la phrase griffonnée à la hâte sur un petit carton à de grands panneaux multicolores de facture plus affinée. Des appels à la préservation de la nature, à la contestation et surtout à l’action – dans le sens d’un changement de modèle. De nombreuses expressions déplorant que les politiques dorment (soit la stricte réalité en ce qui concerne la droite parlementaire fédérale).
Parmi ces phrases lancées au public : « La nature est notre maison », « les dinosaures aussi pensaient qu’on avait le temps », « il n’y a pas de planète B », « la planète, tu la préfères bleue ou cuite ? ». Plus poétique : « faites fondre vos cœurs, pas la banquise », « l’argent ne nous sauvera pas, l’amour oui. » Dans le même sens, plus politique : « Sauver la banquise plutôt que les banques », « le béton ne nourrit pas ». Et le programme d’action le plus clair et le plus synthétique « Changer le système, pas le climat ». Dans la foule, des politiques d’importance, actuels et anciens, notre (heureusement toujours présent) Prix Nobel Jacques Dubochet. Aussi le chanteur Henri Dès avec fille et petite-fille. Et des Grands-parents pour le climat avec, parmi les porteurs/ses de deux belles banderoles, une membre du gouvernement cantonal.
Il y avait donc des notables, mais il faut admettre et souligner qu’on est là face à un vrai mouvement de base. La diversité des âges, des tenues et looks en témoigne et c’est la masse de la jeunesse qui impressionne, sa motivation. Un défi (que les GPclimat ont commencé à relever lors du dialogue intergénérationnel du 29 novembre 2018 à l’Université de Lausanne) est de leur apporter le soutien pratique, peut-être le coaching et les compétences « techniques », qui permettront à la jeune génération d’imposer sa voix et sa place comme un acteur majeur sur la scène sociétale et politique.
Dans une autre manifestation, à Montreux le même 2 février qui était aussi la Journée mondiale des zones humides, où on a bien entendu parlé climat, trois exigences fortes ont été formulées : urgence, mobilisation, action. Qui résument plutôt bien l’importance de la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Jean Martin